Pour donner un nouvel élan économique et repenser le modèle
énergétique du Maghreb, des experts de la région lancent une Communauté économique
maghrébine de l’énergie et des phosphates (CEMEP).
L’idée d’un Maghreb économique qui avance vers les mêmes
objectifs et intérêts se poursuit depuis les indépendances malgré les embûches
politiques. Tantôt, les pays du Maghreb s’inscrivent dans la sphère
méditerranéenne, tantôt, l’imaginaire arabe devient dominant en lien avec le
continent d'Afrique.
Depuis un demi-siècle, les divisions persistent et empêchent
que les cinq pays parlent d’une même voix au sujet de tel ou tel domaine. La
mondialisation des échanges s’accélère à la faveur de la révolution de
l’information et des nouvelles technologies, et de plus en plus de pays
s’organisent en confédération régionale, aussi on aurait pu imaginer que les
cinq pays du Maghreb parlent un jour d’une même voix. Peine perdue.
Réseau maghrébin
Ainsi, c’est en dehors de l’appartenance nationale et
officielle de l’un ou de l’autre pays que des experts ont décidé d'unir leurs
expériences pour créer, par-delà les frontières, un réseau maghrébin fondé sur
deux thèmes à forte valeur d'exportation : l’énergie et les phosphates.
L’idée de la création d’une CEMEP a été lancée le 4 juillet 2014 lors
d’une conférence à l’Assemblée Nationale à Paris par Gilles Bonafi. Cette rencontre
concernant l’intégration maghrébine a eu lieu sous l’égide de Monsieur le
Député Razzy Hammadi. Elle s’inscrit dans le droit fil de ses travaux illustrés en partie
par l’ouvrage collectif publié aux Editions L’Harmattan : « L’intégration
économique maghrébine : un destin obligé ? »
En effet, face aux blocages politiques au sein des pays du Maghreb
et face à l’aggravation de la crise systémique mondiale, Gilles Bonafi a décidé
d’aller de l’avant et de relancer le dialogue autour d’un projet fédérateur qui
permettra de développer des partenariats gagnant-gagnant. A l’image de la CECA
première étape de l’intégration européenne, notre institut a décidé de privilégier
l’axe de l’énergie et des phosphates, deux points clés pour l’ensemble des pays
du Maghreb. Par ailleurs, la création de la CEMEP s’inscrit au sein d’une
vision holistique qui met l’accent sur un changement nécessaire de paradigme.
En effet, la crise anthropologique que nous traversons aujourd’hui nous impose de
repenser totalement les modèles économiques maghrébins.
Le modèle énergétique en premier lieu doit être réétudié dans le
cadre des énergies renouvelables. Le potentiel solaire thermique du Sahara
équivaut à 10 fois la consommation mondiale globale d’énergie et le
développement de nouvelles innovations technologiques permet aujourd’hui de
l’exploiter. La convergence énergie-numérique (smart grids, villes
intelligentes zéro émissions) sera au cœur des préoccupations.
D’autre part, nous observons une baisse sans précédent des surfaces
des terres agricoles au Maghreb et dans le reste du monde. Selon la FAO, il
devrait y avoir moins de 0,2 hectare de terres arables disponibles par personne
dans le monde d’ici 2050. Le projet Wall-e program qui prévoit le rechargement
en eau des bassins endoréiques du Maghreb permettrait la création de vastes
oasis dans le désert, une des solutions pour l’avenir. Ce projet aurait pour
objectifs de :
·lutter contre la
désertification ;
·résoudre le problème de l’eau ;
·développer un autre modèle
touristique ;
· créer des clusters innovants tant
sur le plan de l’agroalimentaire que des énergies renouvelables ;
·développer des chaînes de valeur
autour des EnR, une des priorités de la CEMEP.
Repenser la finance qui doit être basée sur des actifs tangibles, participative,
sociale, solidaire et durable, repenser la monnaie complémentaire
commune maghrébine, ancrer le Maghreb
dans l’économie de la connaissance, établir un nouveau dialogue avec l’Europe
et le reste de l’Afrique, tels seront les autres défis que devront relever le
Comité des experts en charge du projet CEMEP.
La révolution énergétique algérienne sera l'un des piliers de cette nouvelle page d'histoire que nous écrirons ensemble pour le Maghreb. C'est dans cet esprit que Tewfik Hasni, Jean-baptiste Hubert et moi-même avons réalisé l'étude intitulée "La révolution énergétique algérienne : un modèle pour le Maghreb."
Voici donc la première vidéo d'une longue série à venir ancrant le Maghreb dans l'économie de la connaissance au travers d'un travail collaboratif novateur que permet désormais le Web 2.0. Le Comité d'expert bénéficiera ainsi d'un bureau virtuel créé sur le cloud.