mardi 7 juillet 2015

NICE GRID, le premier quartier solaire intelligent

Projet fédérateur et ambitieux, NICE GRID est le premier démonstrateur européen de quartier solaire intelligent.

Situé sur le territoire de Carros au cœur de la métropole Nice Côte d'Azur, le projet NICE GRID développe le système électrique du futur en intégrant harmonieusement une forte proportion de production d’électricité photovoltaïque locale, des unités de stockage d’énergie et des équipements électriques communicants dans les foyers volontaires. Offrant à l’usager l’opportunité de gérer son poste énergie, NICE GRID ambitionne de transformer le consommateur en véritable consomm’acteur.

Retenu dans le cadre du premier ‘programme d’investissements d’avenir’, le démonstrateur de quartier solaire intelligent NICE GRID s’appuie sur des technologies innovantes, le compteur communicant Linky et les infrastructures électriques existantes pour tester l’ensemble du concept de réseau électrique intelligent (Smart Grid).

Un projet à prendre en exemple pour le Maghreb.


vendredi 20 février 2015

Les fissures de cuves de réacteurs nucléaires : un problème mondial ?


Des milliers de fissures ont de nouveau été découvertes dans les cuves des réacteurs belges Doel 3 et Tihange 2. Fait extrêmement inquiétant : ces fissures peuvent être dues ou aggravées par des phénomènes de corrosion, communs à l'ensemble des réacteurs aujourd'hui en fonctionnement.

"Depuis mi-2012, les cuves des réacteurs de Doel 3 et Tihange 2 ont fait l'objet d'inspections suite à la découverte de micro-fissures (d'une largeur de 20 mm). L'autorité de sûreté nucléaire belge affirmait alors qu'il s'agissait d'alvéoles apparues lors de la fonte de l'acier de la cuve et qu'elles ne menaçaient pas sa tenue. Les réacteurs avaient même été redémarrés en mai 2013 avant que l'on ne découvre une fragilité plus forte que théoriquement prévue, menant à un nouvel arrêt : personne ne connaît le comportement d'une cuve qui contient des fissures (défauts d'hydrogène) et surtout pas sa résistance aux phénomènes de vieillissement" a déclaré Michèle Rivasi**, responsable de la délégation française Verts/ALE au Parlement Européen.

"Le 13 février dernier, nouvelle fracassante, deux scientifiques annoncent que ces fissures peuvent être aggravées ou même être dues à la migration d'atomes d'hydrogène de l'eau du circuit primaire." a t-elle ajouté. 
"L'opérateur GDF Suez a déclaré être prêt à sacrifier un de ses réacteurs pour réaliser des tests destructifs. Si ces tests confirment l'irruption et l'aggravation de fissures lors de l'utilisation "normale" de la cuve d'un réacteur nucléaire, alors cela devient un problème mondial."

Selon le directeur de l'autorité de sûreté belge : "Ceci pourrait être un problème pour l'ensemble de l'industrie nucléaire. La solution est de procéder à des inspections poussées des 430 réacteurs nucléaires."

La suite sur Nature alerte.

 ** Michèle RIVASI (députée européenne, fondatrice de la CRIIRAD, cheffe de la délégation francophone du Groupe Verts / ALE).

lundi 16 février 2015

Tewfik Hasni, penseur clé de la transition énergétique algérienne


Tewfik Hasni est un ancien directeur stratégie de Sonatrach et fondateur de la 1ère société algérienne (NEAL) versée dans les énergies renouvelables. Il fait partie du Comité des Experts de la CEMEP.

Dans cette émission de RadioM, la webradio du site d'information maghrebemergent.com, il expose des données que peu connaissent avec une conclusion qui devrait s`imposer : l`avenir de l`Algérie passera par l`hybridation des centrales solaires thermiques avec les gaz torchés.


samedi 14 février 2015

Phosphates, le gâchis tunisien


Voici un extrait de l'article de Jeune Afrique du 29 janvier 2015.

Revendications sociales, échauffourées… Le bassin minier de Gafsa, dont la production a propulsé le pays au cinquième rang mondial du secteur, connaît depuis 2011 des difficultés majeures.
"Quand le bassin minier va, tout va !", assure un retraité de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG). Certains estiment même que prendre le pouls du bassin donne une idée de la situation économique du pays. Mais depuis quatre ans, il bat au rythme des revendications sociales et émet un signal alarmant. Dans cette région du Sud-Ouest, le chômage atteint 29 %. Elle produit pourtant l'une des principales ressources de devises de la Tunisie : le phosphate. En 2010, les 8 millions de tonnes extraites couvraient 4 % du PIB, ce qui plaçait le pays au cinquième rang mondial du secteur. Mais depuis la révolution de 2011, grèves, sit-in et échauffourées tribales ont paralysé l'activité de la compagnie, plus important pourvoyeur d'emploi dans la région.

"1 milliard d’euros, c'est le manque à gagner enregistré depuis 2011 par la filière phosphates tunisienne."

lundi 5 janvier 2015

IMPACT DE LA CRISE ET NECESSITE D'UN GRAND MAGHREB


Aborder le problème clé de l'impact de la crise systémique, un impact qui, conjugué au processus de transition démocratique en Afrique du Nord peinant à se stabiliser place les pays du Maghreb au pied du mur, est aujourd’hui primordial. En effet, la violence de ce double impact nécessite une réaction politique et économique forte, celle du développement d'un grand Maghreb. Cette étude a été exposée au Colloque (Maghreb et mondialisation) à l’Assemblée Nationale (Paris). Elle permettra de mieux comprendre la résilience (l’adaptation à un environnement changeant) des grandes structures régionales afin de résister à l’impact de la crise, une véritable métamorphose de la mondialisation. 


IMPACT DE LA CRISE ET RESILIENCE

I. Impact de la crise sur les échanges mondiaux

Pour commencer, un état des lieux de l'économie mondiale s'avère indispensable afin de mieux appréhender les difficultés actuelles ainsi que l'urgente nécessité de développer les échanges intermaghrébins et, surtout, de repenser nos modèles économiques pour une future intégration maghrébine.

Tout d'abord, il faut évaluer l'impact de la crise sur les échanges mondiaux. Pour cela, il existe un indicateur de premier ordre : le Baltic Dry Index (BDI) qui sert à mesurer le niveau des prix du transport maritime de matières sèches, une moyenne des prix pratiqués sur 24 routes mondiales de transport. Cet indice est un excellent indicateur de la future production industrielle. En effet, les matières sèches de cet indice concernent les minerais, les céréales, le ciment par exemple, autant de produits de base qui seront dans un proche avenir transformés.

 

Comme nous pouvons le constater, la sortie de crise, n'est pas à l'ordre du jour et, de plus, nous assistons ces derniers mois à une chute constante de cet indice qui est tombé à 782 points le 2 janvier 2015, une chute vertigineuse de -62 % sur un an ! Nous retournons lentement mais sûrement vers les abysses de la fin 2008 malgré les milliers de milliards de dollars injectés en pure perte. Pour rappel, avant la crise, en mai 2008, l'indice avait atteint son record de 11 793 points. Nous comprenons mieux ainsi la contraction de l'activité manufacturière en Chine qui s'inscrit dans un contexte mondial d'effondrement des échanges. 

II. Impact de la crise en Chine

L'indice PMI (Purchasing Managers Index) des directeurs d'achat de la Chine publié le 31 décembre 2014 par HSBC s'est établi à 49,6. Tombant sous la barre des 50, il indique clairement une contraction de l'économie chinoise. La fin de la publication mensuelle sur le site du Ministère du Commerce de la République populaire de Chine des chiffres de l’import-export à compter du mois d’octobre 2013 illustre à merveille l’ampleur du problème.[1] Le solde du commerce extérieur du mois de juin 2013 faisait apparaître un solde en chute en chute libre avec -14,3 % par rapport à 2012 ![2]

De plus, avec une croissance du PIB estimée à 7,3 % en 2014 (plus proche des 7 % pour ma part), la Chine va entrer dans une très forte zone de turbulence. En effet, la Chine doit intégrer 20 millions de travailleurs chaque année (démographie, immigration et exode rural) ce qui l'oblige à ne pas descendre en dessous des 7,5 % de croissance. La pression sociale qui a engendré de très fortes hausses de salaires (17,1 % en 2012) et l'impact des coûts environnementaux évalué à 230 milliards de dollars en 2010 selon l’Académie de Planification Environnementale chinoise posent désormais de gros problèmes de compétitivité à la Chine qui voit se développer ses concurrents asiatiques. Pour lutter contre cela, la Chine a mis en place un renforcement de ses échanges (+ 30,2 % en mars 2013) au sein de l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) et développé en mai 2013, la création d’un espace douanier commun.

III. Impact de la crise aux USA

Le modèle économique américain connaît lui aussi de gros problèmes. Voici quelques chiffres peu connus du public :
- la dette du gouvernement fédéral américain a franchi le seuil des 100 % de dettes (PIB de 16 618 milliards $, dette de 16 738 milliards $ au 3ème trimestre 2013).[3]

Les USA ont injecté 1086 milliards de dollars dans leur économie entre le 3ème trimestre 2013 et le 3ème trimestre 2014 malgré la mise en place des Quantitative Easing (QE1, 2 et 3) et cela n'est pas prêt de s'arrêter.[4]

- 7,1 % des crédits immobiliers résidentiels US (qui représentent environ 4000 milliards de dollars) ne sont pas remboursés aux USA selon le dernier rapport de l'OCC du 19 décembre 2014 (Office of the Comptroller of The Currency, page 12/65) un organisme du trésor américain chargé de la tutelle des banques. 353 906 saisies immobilières étaient en cours sur le seul 3ème trimestre 2014.[5]L'immobilier commercial est lui aussi déprimé avec une chute de 64 % depuis février 2008.[6]

- le taux de chômage ne reflète en rien la réalité car des millions d'américains ont dépassé la durée maximale de perception des allocations chômage. Ils ne perçoivent donc plus ces allocations et disparaissent des statistiques. La plupart des Etats américains versent une allocation chômage (State Unemployment Insurance Benefits) pour une durée maximale de 26 semaines alors que la durée moyenne de chômage était de 33 semaines en novembre 2014.[7]

Face aux difficultés, les USA ont mis en place une politique dont devrait s'inspirer le Maghreb. Ils ont en effet développé les échanges au sein de l'ALENA : +70 % avec le Canada et +80 % avec le Mexique depuis le début de la crise selon le centre de recherche de la Fed de St Louis. Parallèlement, les USA ont réduit considérablement leurs importations hors ALENA ce qui démontre l'importance d'une intégration régionale. Les importations de produits chinois ont ainsi diminué de 12,2 milliards de dollars sur les cinq derniers mois (39,5 MD$ en novembre 2012 à 27,3MD$ en mars 2013). La croissance des échanges au sein de l’ALENA permet ainsi de moins subir la concurrence des importations chinoises et cela traduit l’effort de croissance dans la zone nord-américaine.

IV. Impact de la crise en Europe

L'Europe est elle aussi touchée de plein fouet par une crise sans précédent et, pour le démontrer, il suffit d'analyser l'explosion de la dette des pays européens depuis 2008.

La dette de la Grèce s'est littéralement envolée depuis 5 ans passant de 107 % à 174,9 % de son PIB fin 2013. Pour l'Irlande la dette publique a été multipliée par cinq depuis 2007 et a dépassé 120 % de son PIB. Le niveau d'endettement espagnol a doublé en cinq ans avec 92 % du PIB. La France s'approche désormais de la barrière fatidique des 100 % de dette et atteint le chiffre record de 92,2 % de dette (fin 2013) selon Eurostat.[8]

La dette de l'Allemagne et du Royaume-Uni atteint désormais 87,2 %. Ces chiffres devraient lourdement s’aggraver en 2014 et 2015. Le PIB de l’Europe (UE 27) se contracte désormais.

L'Europe risque donc la dislocation (à l’exemple de la Grèce aujourd’hui) et n'aura qu'une seule solution (ce que j'écris depuis le début de la crise), la création d'un Fonds Monétaire Européen (FME). Le FESF (Fonds européen de stabilité financière) créé en mai 2010, puis le MES (mécanisme européen de stabilité) chapeautés par le CERS (Comité européen du risque systémique) ne sont que les étapes vers ce qui semble inéluctable car, face aux montagnes de dettes, il faut un prêteur en dernier ressort. Ces dispositifs ne peuvent pas en effet émettre de dettes (euro-obligations/euro-bonds) et chaque état, déjà lourdement endetté (notes dégradées) doit alimenter ces fonds avec une divergence croissante des taux d’intérêt (spread) sur la dette souveraine. L’Europe sortirait donc renforcée par cette crise car elle se doterait d’une BCE ayant le monopole de l’émission de l’euro, de fonds propres (création d’un impôt européen ?) et surtout d’un trésor européen.
Nous le voyons clairement, nous assistons à une métamorphose de la mondialisation. D'un côté, l'échange de marchandises intercontinentale s'effondre, de l'autre, les échanges régionaux se développent parallèlement au renforcement de la gouvernance de ces régions, une forme de protectionnisme régional. Pour pousser plus en profondeur l’analyse, il convient de comprendre la quintessence de tout mouvement qui nécessite en effet l'union de deux forces antagonistes à l’exemple de la flexion du bras (ou de la jambe) qui met en jeu deux muscles opposés ou antagonistes : le biceps contracté et le triceps décontracté.

L’union des contraires encore et toujours…

V. Impact de la crise au Maghreb : vers une CEMEP

L’année 2013 a été particulièrement difficile pour l’Afrique du Nord ce que résume parfaitement le rapport des Nations Unies[9] sur Les conditions économiques et sociales en Afrique du Nord, 2012-2013 :

  • Baisse de 13,3 % des exportations de l’Afrique du Nord passant de 197,6 milliards en 2012 à 171,3 milliards de $ en 2013 ;
  • Déficit de la balance des marchandises qui s’est creusé de 307,5 % passant de 10,6 milliards de $ en 2012 à 43,2 milliards (Libye : - 70,6 %, Algérie : - 34,1 %) ;
  • Déficit abyssal du Maroc (- 22 milliards de $). 

La conclusion du rapport de l’ONU sur ces points est sans appel : « l’offre régionale reste largement inférieure à la demande, ce qui traduit la faiblesse structurelle des systèmes productifs et l’impératif d’une politique de diversification plus volontariste. » Les produits manufacturés représentaient ainsi 16,9 % du total des exportations d’Afrique du Nord en 2012 bien loin de la moyenne (61 %) des économies en développement. La nécessité d’une gouvernance orientée vers l’industrialisation du Maghreb est donc d’une urgente nécessité.

L’Algérie nécessite à elle seule un tour d’horizon plus approfondi car – et je ne suis pas le seul à le penser – la fin de la rente des hydrocarbures conduira logiquement ce pays à engager des partenariats avec ses voisins :

  • Les exportations ont chuté de 8,27 % en 2013 avec la fermeture du marché US pour les hydrocarbures algériens. Les exportations d’hydrocarbures représentent entre 96 et 98 % des revenus algériens en devises et permettent d’assurer l’importation de 70 % des besoins des ménages :
  • Les importations ont quant à elles augmenté de 8,89 % ;
  • L’excédent commercial de 11,06 milliards de dollars a plongé de 23 % par rapport à 2012 ;
  • De plus, l’avenir s’annonce très sombre si rien n’est fait :
  • 3,2 millions d’emplois devraient être créés entre 2009 et 2020 selon les Nations Unies (8,1 millions pour le Maghreb) ;

Le Maghreb qui subit de plein fouet la crise doit lui aussi adopter une réponse régionale. En effet, le grand problème de l'UMA réside dans la faiblesse des échanges intermaghrébins qui représentent désormais 3, 35 % (4,8 % en Afrique du Nord[10]) à comparer aux 60 % de l’Europe.
52,7% des échanges intra-maghrébins en 2012 ont été constitués de pétrole et de gaz naturel.


Les pays du Maghreb doivent donc en premier lieu développer leurs relations économiques au sein du Maghreb. C’est dans ce but que j’ai annoncé à Paris la création d’une CEMEP[11] le 4 juillet 2014 lors de la conférence à l’Assemblée Nationale. Cette rencontre concernant l’intégration maghrébine a eu lieu sous l’égide de Monsieur le Député Razzy Hammadi. Développer des chaînes de valeur ainsi qu’une finance parallèle basée sur des actifs tangibles, participative, sociale, solidaire et durable, repenser la monnaie complémentaire commune maghrébine, ancrer le Maghreb dans l’économie de la connaissance, établir un nouveau dialogue avec l’Europe, le reste de l’Afrique et du monde arabe, tels seront les autres défis que devront relever le Comité des experts en charge du projet CEMEP.  Ces travaux sont en partie développés au sein de l’ouvrage collectif publié aux Editions L’Harmattan : « L’intégration économique maghrébine : un destin obligé ? ». L’ouvrage collectif « Quelle gouvernance et quelles institutions au Maghreb face aux enjeux géostratégiques ? » sera publié (L’Harmattan) au mois de janvier 2015.

Gilles Bonafi

[1] Ministère du Commerce de la République populaire de Chine, http://french.mofcom.gov.cn/article/statistique/economy/
[9] Nations Unies (UNECA), « Les conditions économiques et sociales en Afrique du Nord, 2012-2013 » p 23 et 24/53.
[10] Communautés Economiques Régionales (CER) : SADC - Communauté pour le Développement de l’Afrique Australe (Sud), COMESA - Marché Commun de l’Afrique Australe et Orientale, CEDEAO - Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest, Zone franc : CEMAC   Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale + UEMOA pour le moment (Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine - monnaie l’Eco 2020).


Bonne année à tous


L'année 2015 sera à n'en pas douter l'année du Maghreb.

Bonne année à tous.